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La force de notre diplôme : pouvoir travailler pour tout, partout ! Mon parcours et mon retour d’expérience

Portraits

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20/03/2024

Michaël LAFARGE (2000) – Associé EY – Audit, secteurs Énergie et Automobile 

Si on m’avait prédit mon avenir professionnel en sortant de l’école, je n’y aurais pas cru. Tant d’expériences et de rencontres qui ont jalonné toutes ces années ! 

Je souhaite ici partager mon parcours : parcours qui n’est pas habituel pour un ingénieur chimiste mais dont la chimie a toujours été le fil conducteur.

Diplômé en 2000 de l’ENSCT, j’ai complété ma formation par un Mastère Spécialisé à l’ESSEC en Stratégie et Ingénierie des Affaires Internationales (MS SIAI / SMIB). J’avais le sentiment, à l’époque, qu’il manquait quelque chose à ma formation initiale pour aborder le monde professionnel. J’ai donc décidé de compléter mon excellente formation scientifique avec des spécialités « plus molles » telles que la comptabilité, l’économie, le marketing et la stratégie. Cette « montée » à la capitale a été le point de départ de mon parcours professionnel puisque c’est au cours du Forum Horizon Chimie que j’ai obtenu un stage, puis une proposition de poste chez Arthur Andersen devenu depuis Ernst & Young (EY). 

Alors, pourquoi un ingénieur dans un cabinet d’audit et de conseil comptable et financier ? La raison est plutôt simple : diversité des parcours, complémentarité avec des profils plus « commerciaux » et proximité avec nos grands clients industriels. EY a été l’un des premiers cabinets d’audit à faire confiance aux ingénieurs à la fin des années 1990. Durant une mission d’audit, nous sommes à l’écoute de nos clients sur leurs activités, projets, etc. Pour des clients industriels sur des projets complexes, notre formation d’ingénieur est un atout dans la compréhension rapide et l’analyse des processus de l’entreprise. J’ai appris par la suite, au cours de ma carrière chez EY, à comprendre comment ces processus se transformaient en données financières et comment je pouvais vérifier (« auditer ») ces données chiffrées. Cet apprentissage s’est fait au cours de mes différentes missions, avec l’aide de collaborateurs plus expérimentés, mais aussi grâce à la formation continue puisque j’ai également suivi et validé mes diplômes d’expert-comptable et commissaire aux comptes durant ces années professionnelles. 

Et la chimie ? Eh bien elle m’a permis d’intégrer l’équipe d’audit d’un grand client français, spécialisé dans le Oil & Gas. Dès le début, j’ai été intégré dans des missions d’audit pour des filiales d’exploration & production pétrolières de ce groupe français à l’étranger. C’est ainsi que j’ai débuté mes expériences internationales qui ne se sont jamais arrêtées depuis. Ma formation initiale a été fortement appréciée dans la compréhension rapide des projets pétroliers, et notamment au début des années 2000 pour les projets d’explorations et de forages en eaux profondes, tout comme dans l’évaluation des réserves pétrolières.

Les premières missions se sont surtout déroulées en Afrique dans des pays comme l’Angola, le Nigéria, la Libye ou le Gabon mais aussi, par la suite, au Moyen-Orient comme la Syrie, le Yémen ou le Qatar ou enfin l’Amérique du Sud avec des pays comme le Venezuela, la Bolivie, le Brésil ou l’Argentine. Quelle chance j’ai eu de découvrir des pays qui, maintenant, sont quasiment inaccessibles pour des professionnels ou touristes ! Mais ces découvertes ont également été une source d’opportunités afin d’acquérir de nombreuses autres compétences, fortement appréciées dans le monde de l’entreprise, parmi lesquelles /

  • Découvrir une autre culture, s’adapter à des modes de vie différents ; 
  • Apprendre une autre langue et, au minimum, pratiquer l’anglais des affaires ; 
  • Se confronter à d’autres méthodes de travail et se remettre en question sur des acquis, des habitudes ;
  • Agrandir et diversifier son réseau relationnel ; 
  • Et bien évidemment…. En profiter pour voyager à titre personnel. 

Au moment de ma cooptation d’associé (c’est-à-dire, après presque 15 années de travail pour gravir l’ensemble des échelons de ma société), j’étais l’un des associés responsables de l’audit de la branche exploration & production de ce grand groupe français de l’énergie. Ma fonction me permettait enfin d’être aux commandes de mon portefeuille clients et de diriger pleinement mes équipes. 

Ma qualité d’associé m’a ouvert les portes d’une expérience totalement différente. Début 2017, mes associés m’ont proposé de reprendre la direction de la représentation d’EY France au Japon. 

Après un conseil de famille avec femme et enfants, nous avons débarqué, en août 2017, à Tokyo dans une région qui, pour nous tous, était inconnue d’un point de vue personnel et professionnel. 

J’ai finalement passé 3 années fabuleuses dans cet énigmatique et merveilleux pays. 

Mon quotidien professionnel a évolué par rapport à ma fonction en France et je remplissais principalement 2 fonctions.

La première était d’accompagner nos clients français basés au Japon. De spécialiste du secteur Oil & Gas, je me suis ouvert à d’autres métiers et industries et notamment le secteur automobile (constructeurs et sous-traitants). Cette dernière spécialisation m’a d’ailleurs permis de reprendre, à mon retour en France, un portefeuille de clients automobiles. Cette expatriation fut une période très enrichissante pour moi. J’ai pu appréhender une multitude d’entreprises et de secteurs d’activités. De nombreuses rencontres professionnelles, des challenges au quotidien (communication, méthode de travail, vision différente du monde, des projets ou des priorités) ont rythmé mes 3 années passées au Japon. J’ai également pris la mesure du poids de l’économie asiatique et notamment de la Chine où je me suis rendu régulièrement. Le niveau de développement de la Chine est impressionnant. La rapidité d’évolution, le poids du marché, la soif de retour sur l’économie des chinois est bluffante et, ce n’est qu’un avis personnel, sous-estimée par notre vieux continent.

Du côté du Japon, au contraire, j’ai pu constater une tradition du temps long, mais un niveau de qualité et de services extrêmes. L’habitude des longues journées de travail n’est pas un mythe, mais au détriment parfois de la productivité. Un pays également où la séniorité est fortement respectée (ce qui nuit parfois également à l’émergence de nouvelles idées ou de compétences). Bref, un pays teinté de contrastes mais fortement attachant.

Ma seconde responsabilité était de prendre part au tissu économique français local et c’est comme cela que j’ai été nommé administrateur de la chambre de commerce et d’industrie France-Japon ainsi que Conseiller du Commerce Extérieur, fonctions que j’exerce toujours en France à mon retour. La richesse des rencontres et des discussions dans ces instances est à souligner. C’est aussi un honneur de pouvoir rendre service à d’autres entreprises et à son pays.

Et la chimie ? Elle est revenue par le côté personnel puisque j’ai retrouvé à Tokyo mon camarade de promotion et binôme de projet de fin d’étude : Bruno Barlas (2000). Bruno effectuait également une expatriation à Tokyo et j’ai eu le plaisir de renouer avec lui et ainsi de connaitre sa famille. Une amitié sincère et durable s’est créée entre tous les membres de nos familles respectives. Par discussions avec Bruno, son expérience à l’international a également été riche et variée. Nous ne pouvons que recommander sincèrement à tous de pouvoir vivre ce type de défis et d’expériences à l’étranger. 

Le coté personnel de l’expatriation est aussi très formateur. Eloignement familial, nouvelles relations amicales, apprentissage des mœurs et coutumes locales sont des éléments pas si anodins que cela et à prendre en considération de manière sérieuse avant toute expatriation. Enfin, un aspect fort sympathique est la découverte du pays et de la région. Partir plusieurs années permet de connaitre le pays en profondeur et de découvrir la région de manière plus sereine. Beaucoup de rencontres, de découvertes et des souvenirs nombreux. Pour celles et ceux qui se demandent à la lecture de cet article s’il faut vraiment visiter le Japon, je ne peux que les encourager. C’est tellement différent et dépaysant par rapport à ce que l’on connait et par rapport aux autres cultures ! Allez-y, vous ne serez pas déçu. 

L’expérience japonaise s’est terminée en août 2020 et je suis de nouveau en France. Mes responsabilités opérationnelles sont toujours liées au secteur Oil & Gas mais, cette fois-ci, tournées vers les activités Marketing & Service de mon client, mais aussi dans le secteur automobile pour des constructeurs. Le retour d’une expatriation est aussi un évènement professionnel à gérer. 3 ans, c’est court, mais parfois long dans une structure. Il faut se réadapter et prendre le train en marche au siège dans son pays d’origine. 

Cela fait maintenant 20 ans que je suis sorti diplômé de l’école. Un diplôme, des opportunités, une ouverture d’esprit à l’international (et un peu de travail…) m’ont permis de vivre une première partie de carrière professionnelle intense, riche et variée. Un apprentissage permanent et une mobilité à l’internationale sont les deux paramètres qui me semblent finalement essentiels dans le monde économique et industriel d’aujourd’hui afin de faire preuve de flexibilité, d’autonomie et d’ouverture sur le monde. Notre diplôme et la formation sous-jacente que nous avons reçus à l’Ecole sont les fondations de toute notre carrière. A chacun d’entre nous de construire sa carrière professionnelle… les fondations sont bonnes ! 

Je terminerai cet article par une mention spéciale pour ma femme Mélanie (2001) qui, tout en conduisant sa brillante carrière, ma soutenu et accompagné dans ces aventures. L’équilibre vie personnelle / vie professionnelle, n’a pas été abordé dans ce récit mais participe grandement à la réussite d’un parcours professionnel et d’un projet de vie.

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