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Un exemple de reconversion : devenir consultante en transformation des entreprises après 45 ans

Portraits

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20/03/2024

Un exemple de reconversion : devenir consultante en transformation des entreprises après 45 ans 

Marie-Emmanuelle BAILLEUL

Je m’appelle Marie-Emmanuelle, j’ai obtenu mon diplôme en génie chimique (option génie des procédés) en 1995. J’ai commencé de façon très classique dans l’entreprise où j’avais fait mon stage, chez SGN (aujourd’hui dans le groupe ORANO). Je travaillais sur les procédés de traitement des effluents, puis des déchets nucléaires. Je me suis ennuyée assez vite, et je ne voulais pas être marquée par ce secteur, alors je suis partie après 5 ans dans ce qui est devenu le groupe Veolia pour concevoir des stations de traitement d’eau.  

J’aimais bien partir de la feuille blanche, travailler avec l’architecte pour imaginer une station la plus discrète et fonctionnelle possible, mais j’ai assez vite réalisé que je n’étais pas faite pour les études d’exécution et les chantiers, et même au bout de 5 ans, que je n’aimais pas vraiment la technique.

A ce moment-là, je travaillais dans une direction Ingénierie centrale d’environ 140 personnes, et je trouvais que nous n’étions pas très bien équipés pour travailler. Il nous manquait des tableurs de conception, des plans types, des procédures de travail… Mon goût pour l’amélioration et l’organisation m’a ainsi amenée à des fonctions méthodes et qualité, en créant mon propre poste. J’ai mis en place une démarche d’amélioration continue pour mon département, puis j’ai progressivement repris les fonctions support du département, les secrétaires puis les gestionnaires jusqu’à devenir en quelque sorte la secrétaire générale de cette quasi PME au milieu d’un grand groupe. J’apprenais ainsi un nouveau métier tous les ans.

Comme j’avais fait développer des applications dans le cadre de mes missions, la direction du groupe Veolia Solutions & Technologies (10 000 personnes) m’a confié en 2011 la maîtrise d’ouvrage des applications métiers. Pour mes premiers pas dans l’informatique, j’ai suivi une formation de 3 jours pour en comprendre les notions de base, et mes collègues du service informatique m’expliquaient le complément lorsque j’en avais besoin.  

J’ai commencé par gérer, avec mon équipe, les applications pour les ingénieurs, que je connaissais déjà en tant qu’utilisatrice, à savoir notamment la gestion documentaire, le retour d’expérience, ou encore les outils de chiffrage. Mon portefeuille s’est ensuite enrichi avec des applications pour le manufacturing, pour les commerciaux et le e-commerce, ce qui m’a permis de travailler avec les équipes de l’ERP, au cœur de l’informatique des entreprises. J’étais ainsi chargée de l’administration et de l’évolution de ces applications, et de leur déploiement auprès des utilisateurs, qu’il faut former et accompagner dans l’évolution de leurs méthodes de travail, ce qui m’a permis d’apprendre beaucoup et d’avoir une vision transverse de l’entreprise et de ses enjeux.

Mais voyant mes 45 ans approcher, je me suis sérieusement interrogée sur mon avenir et ce que je voulais faire de mes 20 prochaines années, sachant qu’une fois devenue “senior”, il me serait beaucoup plus difficile d’évoluer. J’ai choisi de me faire accompagner par l’APEC dans le cadre du programme Next Step, et j’ai eu la chance de tomber sur une conseillère qui a très bien su cerner mon besoin d’apprendre et d’être utile, et qui, au vu de ma triple compétence métier, processus et informatique, m’a suggéré le métier du conseil en organisation et conduite du changement.  

J’ai donc travaillé mon CV dans ce sens, je l’ai soumis à des proches, j’ai échangé avec des personnes du monde du conseil qui venaient comme moi d’une grande entreprise, et passé quelques entretiens, ce qui m’a permis de valider la faisabilité de ce nouveau projet professionnel. Et par le biais de mon réseau, j’ai découvert Arsia Mons, une petite société de conseil spécialisée dans la gestion des entreprises, qui a su reconnaître chez moi les qualités nécessaires aux consultants (l’écoute, la posture de conseil) et me soutenir dans cette reconversion tardive, en m’engageant en 2019. Mes nouvelles fonctions me permettent de mobiliser tout ce que j’ai appris dans mes précédents postes et mes qualités d’ingénieur, notamment la rigueur.

Travailler dans une petite structure est beaucoup plus satisfaisant pour moi, je peux vraiment m’investir dans l’entreprise : communication, organisation, commercial, management..., et surtout, dans le métier du conseil, on est toujours en déséquilibre (nouveau client, nouveau secteur, nouveau projet, voire nouveau sujet), ce qui devrait nourrir mon besoin d’apprendre pendant sans doute de nombreuses années encore .

Quelques conseils pour conclure : Le milieu de carrière est un bon moment, à mon avis, pour s’interroger sur ses envies, car après 50 ans, il est bien plus difficile d’être recruté, surtout si on change de voie. Le marché, les méthodes, les technologies évoluent, il faut veiller à rester employable en changeant régulièrement de poste ou d’entreprise, en se formant si besoin et en se demandant quelle pourra être la prochaine étape. 

Pour une évolution professionnelle, mais encore plus pour une reconversion, parlez-en autour de vous, votre réseau vous apportera beaucoup .

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